De Haguenau à Saverne

 

Si la Guerre de Trente Ans a marqué profondément l'Histoire de l'Alsace, il est peu de contrées qui aient été autant bouleversées par ce conflit. Destructions, famines, fuite des habitants, abandon des villages, ont fait que les autorités durent repeupler la région après 1648. François Lechner a écrit un article remarquable sur ce sujet dans les bulletins du CGA n° 1985-4, 1986-1 et 2, dont voici quelques extraits.

RAPPEL SUCCINCT DES CONDITIONS DU REPEUPLEMENT DE L'ALSACE APRES LA GUERRE DE TRENTE ANS

Les traités de Westphalie de 1648, comme on sait, donnèrent à la France, en termes ambigus, une Alsace couverte de ruines (à l'instar, d'ailleurs de presque toute l'Allemagne) sur l'ensemble de son territoire, à quelques exceptions près, singulièrement de Strasbourg grâce à son jeu diplomatique... ainsi qu'à ses solides fortifications, et de Mulhouse grâce à ses liens organiques avec les cantons suisses.

Beaucoup de villages étaient détruits totalement ou en partie ; certains, en nombre réduit semble-t-il, ne furent jamais reconstruits (par ex. Bachhoffen entre Morschwiller et Ringeldorf). Par rapport à 1618, la population avait diminué de 40 % à 60 %, suivant les estimations (difficiles et aléatoires en raison de la rareté des documents écrits et chiffrés) des spécialistes de l'histoire alsacienne. Cette diminution résultait non seulement des faits de guerre proprement dits, mais encore d'épidémies renouvelées et de famines consécutives à plusieurs années de mauvaises récoltes. De nombreuses terres étaient en friche et le restèrent souvent jusqu'à la fin du siècle et au-delà.

Une bonne partie de ma famille maternelle est originaire de cette région, et en particulier des villages d'Ettendorf, Grassendorf, Morschwiller, qui furent au centre de ce repeuplement.

J'y ai trouvé des tisserands, des maîtres d'école, en particulier à Huttendorf, des paysans, des journaliers. Ceux qui sont arrivés vers 1660 étaient souvent originaires de Picardie, et particulièrement du village de Jeantes, dans l'Aisne.

Si Haguenau a été presque entièrement détruite par les troupes du Roi-Soleil, on y peut imaginer encore la présence de Frédéric Barberousse. Saverne, ville épiscopale, explique l'ancienne inimitié entre Alsaciens et Lorrains par le massacre des paysans par les soldats du Duc de Lorraine en 1525. Marmoutier, pour sa part, outre son statut de ville romane, est pour moi le lien entre mes ancêtres de Rosheim et ceux de Schleithal, par l'entremise d'un modeste tuilier dont l'un des descendants deviendra capitaine dans les armées révolutionnaires.

Adrien Dauzats (1808-1868)
Eglise de Marmoutier (Bas-Rhin)
Dessin à la mine de plomb sur papier beige ; 13,5 x 9,2 cm
Cote : BNF Richelieu Estampes et photographie Rés. Ve-26r-Fol. Destailleur Province, t. 13 , n. 3114 . microfilm A033349
Destailleur, Hippolyte (1822-1893)

Photos : A gauche, inscription sur la maison n°184, rue Principale à Ettendorf "Dises Haus hat gebaut Josef FRIESS und Franciska KRAUTH - Anno Donini MDCCCLXXXVI" extrait du livre " ETTENDORF, mon beau village, Edition Studio M, 67350 Ettendorf

A droite, Marie Rosalie FEGER (1879-1962) épouse de François Joseph FRIESS (1874-1951) collection personnelle

En bas, sceau de l'Empereur Frédéric II (1225)