"Le voyage est aussi un instrument au service de l’affirmation du centralisme monarchique puis républicain, conduisant les envoyés de l’administration à rédiger des enquêtes de tout ordre sur l’état de la France ainsi qu’à la découverte progressive des régions les plus marginalisées. "
Le texte qui suit est l'un de ceux qui répondent à cette affirmation. Vous en saurez plus en explorant "Voyages en France".
1 M 1231
Généralités Campagne de 1843 et 1844 par le Commandant
Peytier
« Les données que renferment ces mémoires proviennent en
général des rapports adressés par le Préfet au Conseil
Général
Population
1e arr 2e arr 3e arr 4 arr
Blaye Libourne La Reole Bazas
1841 : 47187 1841 : 106659 1841 : 53051 1841 : 54634
1836 : 44460 1836 : 107464 1836 : 53805 1836 : 53721
5 arr 6 arr
Bordeaux Lesparre
1841 : 258490 1841 : 38013
1836 : 247748 1836 : 37611
La population n’a augmenté que de 1 pour 100 entre ces deux dates,
ce résultat bien faible doit peut-être être attribué
à la stagnation du commerce et au petit nombre d’industrie que
renferme le département.
D’après les données de l’armée, le recrutement
de la population du département paraît s’améliorer
à mesure que les bienfaits de la civilisation se répandent.
Le nombre des exemptions a été de 1060 en 1841.
Les maladies qui donnent lieu au plus grand nombre d’exemption sont
1)La faiblesse de constitution
2) La difformité
3)La hernie
4) Les maladies de peau
5) Les mauvaises dents.
La taille moyenne en 1841 était de 1m65. La plupart des réformés
pour défaut de taille venaient du département des Landes.
L’arrondissement de La Réole, éloigné des marais
est peuplé d’hommes vigoureux, bien musclés d’une
taille avantageuse et bien prise. Leur teint est coloré et leur physionomie
est vive et franche. Ils se nourrissent de pain et de froment. Le tempérament
dominant y est le bilio-sanguin.
Dans l’arrondissement de Libourne, les habitants sont aussi bien constitués,
ils se nourrissent de bons pains et de bonne eau. Mais le sol y est plus humide
que dans l’arrondissement de La Reole, et le tempérament lymphatique
y domine.
Dans les arrondissements de Blaye, Bazas et Bordeaux, la région des coteaux
offre les mêmes avantages que celle de l’arrondissement de La Réole
et de Libourne. Dans les Landes, l’homme est maigre, comme le sol qu’il
habite, sa nature est petite et moindre encore chez la femme. Mais il a une
grande force musculaire, le tempérament qui domine est le bilieux, la
mauvaise alimentation, l’eau malsaine et la malpropreté en sont
la cause.
L’habitant du pays appelé Entre-Deux-Mers est vif, pétillant,
gai, jovial, spirituel, railleur, prompt à s’irriter aussi prompt
à s’apaiser. Son excessive mobilité lui donne l'air de l’inconstance.
Il aime l’indépendance, on lui reproche peu de prévoyance,
de la vanité de l’exagération, de l’indifférence
pour la science, mais on ne peut contester sa générosité
et son courage.
Dans l’arrondissement de Bordeaux, les mœurs sont ceux du siècle,
avec l’amour du luxe, du plaisir et de la paresse. L’arrondissement
Blaye n’offre pas la vivacité gasconne de la banlieue de Bordeaux,
le caractère des habitants se rapproche de celui de la Saintonge, lent
et bonhomme.
Dans les Landes, les mœurs sont plus grossières, mais les Landais
du Médoc forment une classe à part, il est industrieux et vaillant
mais aussi vindicatif et rusé en affaire. Dans quelques villages de bas
médoc, ils pillaient les navires naufragés.
Le cabaret, la chasse, la pêche, les cartes, la danse, le jeu de quille
et du rampeau sont les loisirs de la classe agricole de ce département.
Les habitants, surtout les Landais, sont plus superstitieux que religieux.
Ils croient aux revenants, aux sortilèges et aux devins. Parmi les usages,
on remarquera le mat couronné de fleurs planté à la porte
de la maîtresse d’un maire aimé, les charivaris donnés
aux veufs qui se remarient.
L’usage des échasses dans les Landes tient à la nature du
terrain, le sol y étant plat, couvert de bruyères, offrant des
parties humides et marécageuses, des flaques d’eau, des chemins
souvent remplis d’eau, le berger est obligé de s’élever
sur des échasses afin de n’avoir pas les jambes piquées
par la bruyère et de pouvoir traverser les parties humides et les flaques
d’eau. Les habitants qui se rendent d’un village à l’autre
doivent aussi monter sur des échasses. Même les gardeuses de troupeau
en font un usage continuel. La hauteur des échasses varie de 2 à
5 pieds de hauteur, l’ordinaire est à 3 pieds. Les échasses
de 5 pieds sont utilisées par les hommes qui taillent les pins pour obtenir
la résine, les échasses sont incommodes dans les sables.
Dans la ville de Bordeaux, on parle le français avec cet accent gascon
bien connu ; cependant dans la conversation familière et pour les besoins
de la vie, la classe bourgeoise des villes parle le patois du peuple, un peu
moins corrompu et avec un accent qui le rend plus intelligible. Ce patois est
le gascon que l’on parle dans le département du Gers et autres
départements voisins avec quelques légères modifications
; c’est l’un des nombreux dialectes de la langue d’oc modifié
par le temps et par les fréquentes communications entre les provinces
du nord et du midi. Ce patois est vif et figuré, il a de l’énergie,
de l’originalité et quelquefois de la grâce. La classe éclairée
des villes qui parle français a quelques expressions et tournures qui
sont propres au pays ; ainsi pour dire de Lormont on a une superbe vue de la
ville de Bordeaux avec son port, on dit « de Lormont étant ».
Ils ont aussi l’accent du pays dans la prononciation des « n »
ou des « nt » à la fin des mots et c’est ce qu’il
y a de plus désagréable. Ainsi ils prononcent le mot vent presque
comme vin, on prononce aussi le « v » comme un « b »
et réciproquement.
Sur le rapport de l’instruction publique, le département de la
Gironde est arriéré, cependant la loi sur l’instruction
primaire porte ses fruits et il y a progrès. Le personnel des Instituteurs
s’améliore grâce à l’Ecole Normale primaire
qui est parfaitement dirigée. En 1842, il y avait dans le département
366 écoles communales et il en restait encore 120 à établir.
Le nombre de communes pourvues de maison école était de 80, il
en restait 406 à établir avant 1844, denier délai accordé
par le gouvernement, mais il faudra certainement un sursis pour les communes
de la Gironde.
En 1839, on comptait dans le département de la Gironde, 1.181 écoles
de toutes natures, communales ou privées, de garçons ou de filles,
normales , asiles. Elles étaient fréquentées par 26.395
garçons et 15.871 filles, les nombres sont supérieurs à
1837 et ont beaucoup augmenté depuis.
Il y a à Bordeaux une faculté de théologie, une de science
et une de Belles Lettres.
Le collège Royal de Bordeaux compte 420 élèves, externe,
interne et 15 professeurs. Le collège communal de Libourne compte 88
élèves externes ou internes ; celui de La Réole en compte
42.
Il y a dans le département 4 institutions comptant ensemble 291 élèves,
une à Bordeaux (21), à Bazas et "Lalonde" (175), Sainte
Foy (95). Le département compte 28 pensionnats de garçons ayant
ensemble 611 élèves, il y en a 24 dans l’arrondissement
de Bordeaux, 2 dans celui de Blaye, 2 dans celui de Libourne.
Il y a 9 écoles gratuites dirigées par des frères de la
doctrine chrétienne dont 6 à Bordeaux, 1 à Blaye, 1 à
Libourne et 1 à Bazas. Les écoles normales sont gratuites ainsi
que les 17 petites écoles tenues par des religieuses.
Il existe à Bordeaux des cours municipaux de Géométrie
et Mécanique, de chimie et d’agriculture et des écoles spéciales
de navigation, il y a des professeurs d’hydrographie à Bordeaux,
Libourne et Blaye, une école navale de mousse et navire, une institution
de sourds et muets, une école royale d’accouchement, une école
secondaire de médecine et de chirurgie. Une école gratuite de
botanique, des écoles gratuites de dessins, peinture et sculpture, une
école de théorie commerciale, une école de notariat et
une école d’équitation.
La religion catholique est de beaucoup celle qui domine dans le département,
les Protestants sont assez nombreux dans certains cantons, mais on n’en
compte pas le chiffre. Ils ont 3 églises consistoriales à Bordeaux,
Ste Foy et Gensac, ils ont 2 temples à Bordeaux, l’un rue du Hâ,
l’autre rue Notre Dame aux Chartrons. Dans la dépendance de ce
dernier se trouve le dépôt de la Société Biblique
dont le but unique est de répandre la Sainte Ecriture parmi les Chrétiens
protestants du pays.
On ne connaît pas non plus le nombre de juifs du département, ils
ont un consistoire établi à Bordeaux par décret du 13 avril
1809, il est composé d’un grand rabbin et de 6 laïcs.
Édifices modernes remarquables :
St Bruno – St Paul – St Louis – La synagogue (elle date de
1810 et est particulièrement remarquable)
Il existe à Blaye un hôpital qui sert aussi pour les militaires,
1 à Bourg, 1 à Libourne, 1 à Ste Foy, 1 à La Réole,
1 à St Roch de Monségur, 1 à St Macaire, 1 à Bazas,
1 à Langon.
L’arrondissement de Bordeaux compte è hôpitaux ou hospices
dont 1 à Cadillac et 6 à Bordeaux.
St André – 710 lits
L’hospice des incurables – 109 lits
L’hospice des vieillards (ancienne abbaye Ste Croix) – 195 lits
L’hospice de la maternité – 35 lits
L’hospice des aliénés – 135 lits
L’hospice des enfants – 420 lits.
Les maisons des villes et particulièrement de Bordeaux sont élégantes
et d’une construction bien entendue, les maisons de maître des campagnes
dans les grandes propriétés sont aussi bien construites. Dans
la partie moderne de la ville de Bordeaux les maisons sont en général
peu élevées, beaucoup n’ont qu’un seul étage
aussi la ville est elle étendue relativement à sa population.
Celle des fermiers, des colons sont mal construites, basses et malsaines, elles
se composent d’un petit logement de deux chambres, d’une grange
et d’un parc pour le bétail. Dans les Landes où il n’existe
pas de carrières, les maisons sont en général construites
en pisé, quelques-uns une avec l’alios, croûte ferrugineuse
qui recouvre une partie du sol des Landes Dans le reste du département
où les carrières abondent, les maisons sont construites en pierres
et beaucoup en pierres de tailles. Les couvertures sont en général
en tuiles creuses, en chaumes dans les Landes.
Le pays ne comptent pas de carrières de marbre et ceux employés
à Bordeaux viennent de Pyrénées, mais le département
renferme un assez grand nombre de carrières de pierres de taille. Un
grand nombre de localités renferment une argile propre à la fabrication
des tuiles et des poteries.
Dans tout le département, les Landes exceptées, les calcaires
sont exploités pour la fabrication de la chaux, ils donnent une chaux
grosse et de moyenne qualité.
Le bois de construction le plus employé dans les villas sont les sapins
du Nord, et au plancher le pin du pays et le chêne qui se fait rare.
La quincaillerie et la serrurerie sont importés.
A l’exception de la vigne on peut dire que l’agriculture est arriérée
dans ce département, la méthode des assolements est peu suivie
et basée plutôt sur un usage que sur la science agricole. Les baux
à terme n’étant pas en usage dans le département,
les terres qui ne sont pas exploitées par leur propriétaire le
sont par les colons partiaires qui n’ont d’engagement que pour un
an et par conséquent ne peuvent songer à aucune amélioration.
Les marais de l’arrondissement de Blaye et de Lesparre sont les seules
terres qui soient affermées.
Les encouragements donnés à l’agriculture par le gouvernement
lui font sans doute faire quelques progrès, mais la culture par des colons
engagés pour une seule année retardera beaucoup les grandes améliorations.
À l’exception des marais, toutes les terres du département
ont besoin d’être fumé, les plus fertiles tous les deux ans,
le plus grand nombre tous les ans. Le fumier se fait avec de l’ajonc,
de la bruyère, de la fougère, de la bauge et du crottin de cheval
et d’autres bestiaux. Le « noir » animal et la poudrette sont
aussi usités. On laboure en général avec des bœufs,
mais il y a aussi un certain nombre de chevaux employés au labour.
Le froment est cultivé dans tout le département, excepté
dans les Landes. Le seigle l’est principalement dans les Landes. Le maïs
est cultivé dans quelques bonnes terres pour le grain et pour le fourrage.
Le millet est cultivé surtout dans les Landes.
On a introduit quelques nouvelles cultures telle que des Pastels, de la garance,
de la patate, des pastèques, du chanvre du Piémont et du colza.
On estime que dans le département 12.000 familles, environ, sont propriétaires
de vignobles et que le nombre de famille de vigneron est de 6 à 7.000.
(détail de la production et du commerce arrondissement par arrondissement.
Les bois et forêts du département de la Gironde occupent une superficie
de 106.709 hectares et par suite de nombreux semis de pin qui se font chaque
année dans les Landes et dans les dunes, la superficie boisée
du département va en augmentant. Déjà les Landes sont beaucoup
plus boisées qu’il y a 50 ans. Les semis de pins sont le seul moyen
d’obtenir, dans les Landes, un assez bon revenu sans frais considérable
de culture ; mais il faut se résoudre à attendre 7 à 8
ans sans revenus.
La partie du département qui est sur la rive gauche de la Garonne qui
comprend les Landes est la plus boisée ; l’essence dominante est
le pin maritime, notamment celle de La Teste. On trouve aussi le chêne
noir, le chêne blanc, le frêne et l’érable, le charme,
le saule, l’acacia, le peuplier et l’ormeau.
Sur la rive droite de la Garonne, l’essence qui domine est le chêne
blanc, viennent ensuite l’ormeau et le peuplier.
Il existe dans le département trois races bien distinctes de chevaux
: la médoquine, la landaise et une race qui tient beaucoup de la navarrine
et qui est dans l’Entre-Deux-Mers. On élève aussi des chevaux
de race anglaise pour faire des coureurs. Le département tire ses chevaux
de trait du Médoc, de la Bretagne et du Poitou ; ceux de selle du Morvan,
d’Alençon, du Limousin et de la Navarre.
Le nombre des vaches laitières est très considérable dans
le département, on en trouve au moins 4.000 aux environs de Bordeaux,
dans un rayon de 2 lieues. Dans les Landes on ne les élève que
pour le fumier et on vend très jeune les veaux dans le Bas-Médoc.
L’industrie est arriérée dans le département de Gironde
qui est plutôt commerçant et agricole qu’industriel. Cependant
l’abondance du bois et des mines de fer sur les rives gauches de la Garonne
fait qu’il existe 10 forges ou Haut fourneaux.
Il existe aussi à Bordeaux deux fabriques de plomb de chasse. La principale
fabrique de poterie du département est celle de M. Jonsthon à
Bacalan à Bordeaux, où l’on fabrique de la poterie fine,
elle se compose de 10 fours et d’un laboratoire de chimie et d’une
machine à vapeur de la force de 28 chevaux. Elle tire en grande partie
du département la terre qu’elle utilise, le kaolin vient des Pyrénées,
elle occupe 700 ouvriers.
Il y a une « fayencerie » à Bordeaux et une à Sadirac,
elle occupe 83 ouvriers potiers et 300 manœuvres.
Il y a 7 verreries dans le département, 4 à Bordeaux 1 à
Bardanac, dans la banlieue, 1 à Biganos, et la dernière à
Vendays.
On compte 35 raffineries à Bordeaux. La fabrication de produits résineux
occupe 66 ouvriers dans les Landes.
Il existe à Bordeaux 6 moulins à vapeur et un moulin à
huile de colza à Bazas ; on comte en outre 1.624 moulins dans le département
dont les deux tiers sont des moulins à vent. Les principaux moulins à
eau sont dans les arrondissements de Bordeaux et de Libourne.
Il existe dans le département une poudrerie à Saint Médard
et une raffinerie à Lormont, un magasin à Bordeaux et un entrepôt
à Bordeaux.
1 M 1230
1822
« La route qui va de Bordeaux à Branne par Camarsac traverse une
partie du département de la Gironde. Je crois qu’il est essentiel
de faire connaître ce département et les ressources qu’il
pourrait fournir à une armée qui manœuvrerait sur son terrain.
Le département de la Gironde fait partie de l’ancienne Guyenne
(Aquitania secunda, selon les Romains). Il est situé entre le 44°9’
et le 45°33’ de latitude septentrionale et entre le 2°29’
et le 3°24’ de longitude, à l’ouest de l’observatoire
de Paris. Il est borné au nord par le département de Charente
inférieure, à l’est par celui de la Dordogne, au sud par
ceux du Lot et Garonne et des Landes, à l’ouest par l’océan.
Sa plus grande longueur est de 17 myriamètres 1/2 (24 lieues) ; sa plus
grande largeur 13 myriamètres (18 lieues).
Il fait partie du 7e archevêché de France. D’après
les calculs les plus approximatifs, faits dernièrement, la superficie
du département est de 1.040 hectares environ. Ce département est
divisé en 569 communes comprises dans 48 cantons et dans 6 arrondissements
communaux. Selon le recensement de 1820, sa population est de 509212 individus.
Il peut être considéré comme le 3° du royaume sous le
rapport de la fertilité de son sol, de ses grands moyens de commerce
et de la force de sa population.
Quatre routes de première classe et un grand nombre de la seconde parcourent
en tout sens ce département. Il est arrosé par la Garonne, la
Dordogne, l’Isle, la Drone et le Drot. Plusieurs petites rivières
et grands ruisseaux navigables ou flottables facilitent les transports de l’intérieur.
La surface de la Gironde, tour à tour riante et sombre, plate et relevée,
déserte et bien cultivée, offre à la fois les sites les
plus pittoresques et la plus uniforme solitude. Les coteaux qui bordent la Garonne
ont tout le caractère du beau et du champêtre mieux varié
; et la portion du département appelée, l’Entre-Deux-Mers
et la Benauge, ne cède à aucune contrée de la France pour
l’agrément de la situation. Mais la portion opposée qui
se trouve derrière la rive gauche de la Garonne, présente un aspect
différent. Là sont les Landes des arrondissements de Lesparre,
de Bordeaux, et de Bazas.
Dans le département 6.493.500 hectares sont cultivés de diverses
manières. On sous divise ainsi cette masse de terrain :
Vignoble 118.000 hectares
Terres labourables 200.000 h
Prairies 40.000 h
Bois de taillis de chêne 90.000 h
Bois de châtaignier 20.000 h
Oseraies et Sausseraies 8.000 h
Pins résineux 50.000 h
Semis de pin 60.000 h
Landes et bruyères propres au pacage 63.500 h
Terrain occupé par les rivières,
Bassins, étang et ruisseaux 160.000 h
Terrains occupés par les grandes routes,
Chemins et rues 17.000 h
Terrains occupés par des dunes et Landes 213.500 h
Dans la Gironde, l’air est sain et le climat tempéré, les
hivers rigoureux sont rares, mais ils sont ordinairement pluvieux.
La principale récolte est celle des vins, on connaît partout ceux
du Médoc, de Haut-Brion, de Carbonnieux, de Sauternes et de Sainte Croix
du Mont.
Les vins rouges des premiers crus se vendent nouveaux environ 1.200 Frs le tonneau
(9 hectolitres) et vont jusqu’à 5 et 6 mille francs quand ils sont
vieux. Ce sont ceux de Haut-Brion, château margaux, Latour, Laffitte.
Les trois derniers sont du Médoc
Les vins blancs, les premiers crus se vendent 300 francs les tonneaux nouveaux,
et vont jusqu’à 2.000 francs vieux. Ce sont ceux de Barsac, Sauternes
Dulamont, Saint Brice et Carbonnieux.
Le 10e du territoire est planté en vignes, on estime qu’elles donnent
230.000 tonneaux (207.000 hectolitres) sur cette quantité, on ne compte
; sur cette quantité, on ne compte que 15.000 tonneaux de ce qu’on
appelle des vins fins. L’étendue des terrains privilégiés
qui produisent les vins fins des grands crus n’a aucune proportion avec
le sol où l’on recueille le vin inférieur dans le reste
du département.
Des cultures, celle de la vigne est la plus dispendieuse et aucune récolte
n’est autant exposée aux événements qui naissent
des vicissitudes des saisons et du commerce.
Les vins de qualité inférieure dits du Blayais, du Fronsadais,
de Puynormand et de la Benauge sont particulièrement convertis en eaux
de vie médiocres. On a remarqué que tous les crus renommés
sont compris entre 40° et 50° degrés de latitude
Les vins de Guyenne sont le juste milieu entre les vins des pays froids et ceux
des pays chauds. »
Mémoire sur la reconnaissance de la route des camps à Bordeaux
faisant partie de la grande route de Bayonne à Bordeaux par la grande
Landes
1er Octobre 1824
Le terrain qui fait le sujet de cette reconnaissance appartient au canton de
Pessac, arrondissement de Bordeaux.
Cette portion de la grande plaine qui s’étend depuis Bayonne jusqu’à
l’embouchure de la Gironde n’offre dans toutes les directions de
la route aucun accident de terrain ni aucune élévation.
Dossier 1M 1231
1844
Mémoire descriptif, statistique et militaire sur l’arrondissement
de Bazas par le capitaine d’Etat Major A Servier
«
Le terrain levé forme la partie orientale des Landes, vaste territoire
en forme de triangle dont la base, dirigée du nord au sud est la ligne
de dune qui borde l’océan sur une longueur de 250 Km. Ce Delta
des Landes est limité par le cours de la Garonne, celui de l’Adour,
et par les départements du Lot et Garonne et du Gers
Ce pays est plat, couvert de sables infertiles. On ne rencontre, à l’exception
de rares oasis que des forêts de pin maritime et des bruyères sur
une immense étendue. Les seuls mouvements de terrain qui se présentent
à l’observation sont les berges des cours d’eau qui sont
rapides en raison de l’élévation du plateau des Landes et
de la nature sablonneuse du sol et de quelques dunes de sable, éparses
ça et là et d’une élévation de 10 à
20 mètres au plus. Une pente générale existe d’orient
à la mer mais elle est peu considérable, aussi les eaux n’ont
pas d’écoulement et séjournent dans ces vastes plaines,
dans lesquelles, à moins d’un mètre de profondeur, et souvent
à quelques décimètres existe un sous-sol imperméable
consistant en un grès ferrugineux grossier formé par l’agglomération
de sables très fins et d’un ciment ferrugineux. Il en résulte
que l’on trouve partout de l’eau à une très petite
profondeur, mais de mauvaise qualité.
Il n’y a point d’étang remarquable dans l’étendue
relevée, quelques endroits sont marécageux mais ils sont rares
et peu étendus. Au milieu des forêts de pins, on rencontre de rares
habitants. Les villages ne se composent que de la réunion de peu de maison
et les différents hameaux qui composent une même commune sont souvent
à des distances considérables.
Pendant la belle saison, les Landes offrent un aspect qui ne serait pas désagréable
puisque partout la vue se pose sur de la verdure, mais son uniformité
est désespérante.
L’arrondissement de Bazas se trouve dans le bassin de la Garonne et dans
le bassin secondaire du Ciron.
Le Ciron prend sa source près de Lubon, canton de Gabarret, sur la limite
du département des Landes. Ce n’est d’abord qu’un ruisseau
peu considérable, il coule vers le Nord Ouest, coupe la route de Bordeaux
à Bayonne au village de BEAULAC, à 8 Km au sud de Bazas, il vient
se jeter dans la Garonne au-dessous de Preignac.
Cette rivière est flottable depuis Beaulac, on s’occupe à
en améliorer le régime, les travaux sont d’une grande importance
dans le pays dont l’une des principales ressources est la vente du bois
de chauffage pour l’approvisionnement de Bordeaux.
Le cours du Ciron, depuis Lubon jusqu’à la Garonne est d’environ
75 km
À Beau lac, la largeur du Ciron dans les basses eaux est d’environ
5 m.
L’altitude de la Lande de Lubin est environ de 150 m, celle de la Garonne
à l’embouchure du Ciron est de 10 m. Les rives du Ciron sont escarpées,
la rive droite commande la rive gauche à Beau lac, du moins dans la partie
supérieure de son cours.
Depuis Beau lac, il y a plusieurs moulins sur le Ciron et deux hauts Fourneau
et Forges. La retenue des eaux par ces moulins produit des dépôts
de sable que les travaux d’amélioration entrepris doivent faire
disparaître.
Pour le moment il n’y a point de canaux exécutés sur le
terrain levé mais plusieurs projets ont été réalisés.
On a étudié un canal qui traverserait les Landes presque en ligne
droite de Bordeaux à Tarbes>. Ce canal dit des grandes Landes serait
alimenté par des rigoles dérivées du Ciron. Cependant il
est probable que le projet de chemin de fer reliant Bordeaux à Bayonne
retardera pendant fort longtemps le percement de ce canal.
Il existe peu de fontaines dans le terrain levé, les puits sont très
peu profonds, mais l’eau y est saumâtre, chargée de sable
et de débris de la décomposition des végétaux et
par suite de fâcheux usage pour la santé.
À une petite profondeur dans le sol, on rencontre une couche compacte
formée par l’agglomération du sable par un ciment ferrugineux.
Les feuillages des bruyères et des pins décomposés par
l’action de l’air et des eaux ont formé un humus que l’on
rencontre abondamment dans les vallées et qui donne dans beaucoup d’endroit
une couleur noirâtre au sol et constitue une véritable terre de
bruyère. Cette terre légère est fertile contrairement au
sol de sable pur.
On trouve presque partout une espèce de grès ferrugineux Qui FOURNIT UNE ASSEZ bonne pierre pour la construction mais le pris élevé de la chaux empêche la construction en pierre, toutes les maisons, granges et bergeries sont en pan de bois et en torchis.
Cette contrée située près de la mer est exposée
à des pluies fréquentes, les hivers y sont rarement rigoureux
mais très humides. En été la température moyenne
est de 32° , la chaleur est très forte dans les forêts de pin.
Les malaises les plus fréquents sont les fièvres intermittentes
qui sont endémiques. Il y a peu de métairies où l’on
ne trouve pas d’enfant malade, l’éloignement des médecins,
la cherté des médicaments sont les causes puissantes qui font
que l’on néglige de porter secours à ces pauvres malades.
`
Statistique
Population
Canton d’Auros : 5411 h
Canton de Bazas 11296 h
Canton de Grignols 5512 h
Canton de Langon 12689 h
11e division militaire à Bordeaux
10e légion de gendarmerie à Bordeaux
Dépôt royal d’étalon à Libourne
Cour Royale à Bordeaux
Tribunal civil à La Réole.
Malgré le peu de progrès que l’agriculture a fait dans
ce pays levé, l’amélioration des anciennes routes, l’ouverture
de plusieurs communications nouvelles, l’élévation de la
valeur du bois ont contribué à l’augmentation de la population,
sensible aux yeux des maisons neuves et du défrichement.
Les habitants des Landes sont généralement de facture moyenne
et bien faits.
Taille moyenne des appelés en 1844
Gironde : 1m 65
Landes : 1m 64
France : 1M 66
On rencontre parmi les femmes des figures jolies, mais les maladies et la nourriture
dont ils font usage modifient souvent d’une manière fâcheuse
les formes élégantes de cette race.
Dans son costume, le paysan landais n’a de remarquable que son béret
bleu. Les femmes ont souvent les cheveux coupés courts.
On parle dans cette zone le patois du Languedoc mais modifié par le voisin
espagnol, beaucoup d’hommes comprennent le français mais aucun
ou presque ne le parle, il est difficile de traverser ce territoire ainsi que
le reste des Landes sans connaître le patois ou se faire accompagner d’un
interprète... Il y a seulement un collège communal pour toute
cette zone, à Bazas.
Il y a peu de monuments remarquables dans cette zone, les églises y sont
récentes.
Pour les constructions, le chêne est le seul utilisé pour les bâtiments
importants ts et pour les poutres. Pour toutes les constructions ordinaires,
on emploie le pin.
Dans cette zone on sème le seigle à l’automne, on y cultive
aussi le maïs, et le panis, autre espèce de millet et l’on
en fait une polenta que l’on nomme la cruchade et qui sert de pain. Toutes
les terres sont cultivées avec des bœufs.
Dans le canton de Langon, l cultive la vigne car le sol y est un peu meilleur.
Le Ciron forme la frontière entre les terres infertiles et celles qui
produisent du vin.
La région levée compte beaucoup de forêts de pins maritimes.
C’est de cet arbre que l’on tire la résine lorsque l’arbre
à 20 ou 30 ans. À l’époque de la sève, on
pratique des incisions que l’on rafraîchit tous les 2 jours, on
se sert pour cela d’une espèce de hachette à long manche
pour atteindre à 3 ou 4 m, parce qu’on coupe toujours plus haut
chaque fois... Quand le bois est mis à nu de tous les côtés,
on dit qu’il est gemmé et il faut l’abattre. On se sert du
bois de pin pour les constructions du pays. Mais il est fort cassant et de peu
de durée de vie. On en tire surtout du bois de chauffage.
Il y a aussi des chênes, presque toutes les habitations sont construites
au milieu d’un massif de chênes, souvent fort beaux. Cette association
est sans doute due à ce que les maisons ont été bâties
sur les meilleures terres et que le chêne y a prospéré alors
qu’il ne vient pas dans le sable pur.
On ne trouve plus dans les Landes de beaux pins comme autrefois. Lorsque l’empereur,
en 1808, a fait paver de bois la route de Bordeaux à Bayonne, on paya
1F chaque pièce d’arbre. Lors de la construction, du Pont, de Bordeaux
ont a payé plus cher des arbres plus petits,
On a aussi employé beaucoup d’arbres pour les canaux de la BaÏse
et pour le canal latéral de la Garonne.
Comme le pin est indestructible dans l’eau, on s’en sert pour les
pilotis.
Les usines établies sur le Ciron consomment aussi beaucoup de bois.
Le pavement de la route et le prix du bois font que partout on sème des
pins. Comme la dent des moutons est meurtrière pour les jeunes arbres,
il faut enserrer les terres semées de fossés. Quand les arbres
ont quelques années, on les éclaircit, quand ils ont 4 m on les
éclaircit à nouveau, les tiges coupées servent d’échalas
dans les vignes du Bordelais.
À Bazas, on pratique le commerce du grain, des bestiaux, du bois de chauffage.
Langon fait un commerce considérable de vins et d’eaux de vie.
De La Réole à Bazas, les chemins sont très accidentés,
surtout de Bazas à Auros, beaucoup de chemin sont commencés et
peu sont terminés.
Les chemins de fer ne sont pas non plus terminés. Les tracés actuels
en France ne vont que jusqu’à Tours même s’il est évident
qu’ils iront jusqu’à Bayonne.
1 M 1231
L’arrondissement de Bazas est traversé par la route qui va de
Bordeaux à Bayonne Route Royale N° 10 qui va de Bordeaux à
Madrid en passant par Bayonne A cette route principale se rattachent quelques
routes secondaires.
La Route Royale suit la Rive Gauche de la Garonne de Bordeaux jusqu’à
Langon, là elle quitte cet endroit et se dirige vers le Sud, elle passe
à Bazas, Beaulac, Captieux, Roquefort, Mont-de-Marsan, Dax, St esprit,
Bayonne.
Dans toute l’étendue du terrain levé, elle parcourt un pays
sablonneux, entièrement privé de bons matériaux pour l’établissement
des routes, aussi cette importante communication resta-t-elle sans amélioration
pendant de longues années.
Lors de la guerre d’Espagne, l’Empereur la fit paver comme les routes
de Pologne, avec des troncs de pins posés en travers. Ce pavage est fort
imparfait et son peu de durée le rend dispendieux. On a essayé
de construire les chaussées à la macadam ; enfin on a opté
pour le pavage en grés d’échantillon que l’on tire
du nord dans la région de Bergerac. Il n’y a que quelques années
que le pavage en bois à entièrement disparu. Le pavé de
grès fatigue beaucoup les chevaux et détériore les voitures.
La route N° 10 s’élève à Langon pour arriver
sur un plateau parfaitement horizontal. Elle redescend ensuite depuis les Ganges
à 4 Km de Bazas jusqu’à cette ville. Ensuite la route est
parfaitement plate.
Les routes secondaires :
Route départementale n° 13 de Bazas à La Réole : cette
route est à l’état d’entretien, elle est encore peu
fréquentée.
Route Royale de 3e classe n° 133 de Périgueux à Mont-de-Marsan
:cette route passe par Marmande et Casteljaloux, puis elle passe à Bazas.
« Mémoire sur la reconnaissance de la route de Grangeneuve à
Gradignan et levée à vue de cette route.
M. De Tlugny capitane d’Etat Major
21 janvier 1843 »
Tout ce terrain est plat, coupé de bois qui bordent les chemins aux abords des villages et des habitations isolées, servant de clôture aux jardins qui les entourent.
Rapport du capitaine Morel de Boncourt – Bordeaux rive droite
« Les habitants, sauf à la Bastide, à Lormont et au petit
village de la Souys, sont éparpillés de tous côtés
dans les campagnes, à Cenon, Bouillac et Floirac, il n’y a pas
plus de 10 à 15 maisons réunies. A Artigues, il n’y a que
le château. Ce pays est très sain, le climat y est doux.`Les deux
seules communes ayant un peu d’importance sont La Bastide et Lormont.
La première par sa position est un entrepôt considérable,
afin d’éviter le coût considérable du péage
du pont.
Lormont attire beaucoup de bordelais
Les autres communes vivent de la culture de la vigne, les vins de Cenon et de
Floirac sont connus sous le nom de vins de la côte. Ce sont de bons vins
ordinaires. Les vins de la plaine sont nommés vin de Palus ou vins de
Queyries.
Catherine Vella Gonzalez
http://monsite.wanadoo.fr/vellacatherine/index.jhtml