La vie d’Auguste CLAUDON (1849-1936)

Auguste CLAUDON (1849-1936)

L’enfance
Auguste CLAUDON est né le samedi 10 novembre 1849 à Petitmont, en Meurthe-et-Moselle, qui n'était à l'époque que la Meurthe, dans le foyer de Jean-Pierre, 37 ans, et de son épouse Marguerite DEMANGE, 35 ans. Il a une sœur et trois frères plus âgés, Marie Louise, née en 1840 et qui ne vécut qu’un an, Jean Baptiste né en 1842, Jean Claude, né la même année, et qui décèdera à 11 ans, Jean Christophe, né en 1846. Une autre sœur, Marie Joseph, naîtra en 1860, pour survivre 2 ans, et un frère, Charles.

L’armée
A l'âge de vingt ans, il est incorporé et doit partir faire son service militaire. Sa fiche de recrutement, n° 555 du canton de Lorquin (département de la Meurthe), donne son signalement :

cheveux et
sourcils : châtains
yeux : ? front : rond
nez : moyen bouche : moyenne
menton : long visage : ovale
taille : 1 m 680 Degré d'instruction :
1 à 2

Nous sommes en 1869, sous le Second Empire, et, un an plus tard, en juillet 1870, Badinguet va déclarer la guerre à la Prusse.
A cette époque, tous les Français ne sont pas égaux devant le service, et l'incorporation se fait par tirage au sort. Auguste tire un bon numéro le 6 juin 1870, et n'a donc pas besoin de partir. Cependant, il faut supposer que sa fortune n'est pas énorme, puisqu'il se "vend" à la place d'un "jeune soldat de la Sarthe", J. GESLIN, qui, lui, avait tiré le mauvais numéro, comme en témoigne la fiche de démobilisation d'Auguste. Il passe devant le Conseil de Révision de la Sarthe le 23 juillet 1870. Il sert comme garde mobile au 15e Régiment d'Infanterie à compter du 14 août 1870.

Le 15ème régiment d'infanterie faisait partie de la 3ème division du 4ème corps. Régiment commandé par le colonel Fraboulet de Kerleadec, division par le général Latrille de Lorencez, corps d'armée par le général de Ladmirault.(renseignements fournis par Jean-Marc Labat)
Donc, un régiment présent à Metz, qui capitule le 27 octobre 1870.
Auguste est fait prisonnier le 16 octobre 1870 et se retrouve en Allemagne orientale (voir l'article de Jean-François LECAILLON); (voir l'article de Manfred BOTZENHART). En mars 1871 éclate la Commune de Paris. Le gouvernement de Versailles, dirigé par Thiers, veut par tous les moyens réduire la résistance des Communards. Pour cela, il obtient, lors du Traité de Francfort, la libération de prisonniers de guerre qui vont lutter contre leurs compatriotes (voir à ce sujet le témoignage de P.-O. LISSAGARAY). Et Auguste est dans le lot. Il est incorporé au 14e de Ligne le 4 avril 1871.

Cette unité fait partie du Cinquième Corps d'armée sous les ordres du général de division Clinchant et du chef d'état-major, le général de brigade de Brouillé.La 2e division est commandée par le général de division Garnier, la 1e brigade, dont fait partie le 14e de ligne, par le général de brigade de Brauer.

Bien plus tard, il racontera à son petit-fils Jean-Pierre que les balles de "ces salauds de Communards" avaient bien failli l'atteindre.
Il sera décoré de la médaille militaire, décernée par la nouvelle République Française.

La vie de famille
Après la guerre, il est employé de l’Administration des Douanes.

Le mardi 23 avril 1872, sa mère Marguerite DEMANGE meurt, âgée de 58 ans.

Le samedi 29 janvier 1876 à Petitmont, il épouse Catherine HOFFARTH, fille de Michel HOFFARTH, douanier et d'Anne Marie HAUSER. Il est alors âgé de 26 ans. Elle a 21 ans.A ce mariage sont présents : François DEMANGE, charpentier (témoin), Jean VERNIER (témoin), Jean CLAUDON (témoin), Charles GEORGES (témoin).
La jeune épousée est née le jeudi 11 janvier 1855 à Oberseebach, dans le Bas-Rhin, où son père était douanier. Il était manifestement très mobile, puisque ses enfants naissent à Scheibenhard, Climbach et Oberseebach.
Catherine HOFFARTH, vers 1936 (collection personnelle)

Après la défaite, les parents de Catherine avaient décidé de quitter leur Outre-Forêt pour s'installer en Lorraine française. Pourquoi cette option ? La proximité de frontières incitait beaucoup d’hommes à embrasser la carrière de douanier. C’était le cas de Michel Hoffarth, après son père Martin. Plus de frontières, plus de douaniers, et il fallait donc choisir entre perdre son emploi et quitter son village. C’est cette deuxième option qui fut celle de Michel et Anne-Marie, et c'est là, à proximité d'Avricourt, sur la nouvelle frontière, qu'ils s'établissent avec leur fille Catherine, leurs habitudes, leurs traditions et leurs souvenirs.

Le couple Auguste et Catherine aura quatre enfants :
- Jeanne Rosalie, née à Petitmont le vendredi 11 février 1876, treize jours seulement après leur mariage, ce qui témoigne d’un certain mépris de la tradition et des commandements de la Sainte Eglise Catholique.
- Edmond Victor, né le jeudi 21 juillet 1881 à Cirey-sur-Vezouze, qui n'est plus en vie au recensement de 1911.
- Marie Eugénie, née à Cirey-sur-Vezouze, le lundi 13 octobre 1884, ma grand-mère, qui mourra le mercredi 2 août 1967 à Lunéville.
- Emilienne Eugénie, née à Xures, le mercredi 19 juin 1889, qui finira ses jours à Compiègne, à l’âge de 81 ans.
- et Victor Henri, né à Xures, le vendredi 24 juin 1892, qui décèdera à Lunéville le 26 juin 1951.
Le mercredi 13 juillet 1881, son père Jean Pierre CLAUDON meurt, âgé de 69 ans.
Que s’est-il passé entre 1876 et 1884 ? La famille a dû voyager au gré des affectations administratives d’Auguste, et les probables naissances me sont inconnues pour le moment.

Le métier
Toujours est-il qu’Auguste est dit dans différents actes :
- employé de l’Administration des Douanes en 1877
- préposé des Douanes en 1876 et en 1889
- garde des Bosquets en 1909
- employé des Postes en 1921
- retraité des Douanes en 1936

Cette profession de garde des Bosquets lui permet d’arpenter les jardins du château de Lunéville, à proximité duquel il habite, rue Héré. C’est là qu’en 1914, sa fille Marie Eugénie revient de Bordeaux où elle a épousé Jean Pierre BERTRAND, mobilisé pour la Grande Guerre, dont tout le monde encore ignore qu’elle le sera. Il n'en reviendra pas, puisque, maréchal des logis au 317e régiment d'artillerie de ligne, il sera victime de la grippe espagnole le 16 septembre 1918, à Toul.

Marie n’est pas seule, puisque l’accompagne son fils Jean Pierre Auguste, âgé d’un peu plus de quatre ans. Ce dernier racontera les soirées passées avec son grand-père, qui lui racontait sa guerre de 70, ou le rassurait lors des bombardements des « Taube », les avions allemands.

La fin

Auguste CLAUDON meurt le dimanche 9 février 1936 à Lunéville (54300), âgé de 86 ans. Il aura vécu la Seconde République, le Second Empire, la Guerre de 70, la Troisième République, la Grande Guerre.

Il est inhumé au cimetière de Lunéville, avec son épouse Catherine, décédée le 1er janvier 1940, et sa fille Marie Eugénie, disparue le 2 août 1967.

 

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