De Bordeaux à la Grande Guerre

Jean Pierre BERTRAND est né le jeudi 19 novembre 1885 à Bordeaux , fils de Nicolas BERTRAND, âgé de 30 ans et de Marie Anne BARBE, âgée de 25 ans. Il a un frère aîné, Désir, né en 1882, et ses cadets André et Edmond naîtront en 1889 et 1891.

Ses frères

Jean Désir

Né le 6 juillet 1882 à Bordeaux, il exerce les métiers de typographe, puis d'employé au Chemins de Fer du Midi.

Il se marie successivement, le 17 mars 1928 à Bègles, avec Marguerite LAPÉBIE, née le 23 septembre 1867 à Tarnos dans les Landes, fille de Jean-Baptiste et de Jeanne DUBUY, et le 18 mai 1935 à Bayonne, avec Louise PÉZILLIER, née le 13 août 1882 à Bayonne, fille de Louis Auguste et de Valerine DUCASSE, et qui décèdera en 1963.

Lui-même mourra le 17 février 1966 à Bayonne, sans descendance connue.

André

Né le 10 août 1855 à Bordeaux, il sera employé de commerce.

Le 26 octobre 1918 à Bègles, quelques semaines après le décès de son frère Jean-Pierre, il épouse Pétronille Henriette CASSAIGNE, née le 22 août 1898 à Langon, de Martial et de Thérèse TOURON.
Dans leur acte de mariage, il est stipulé qu'ils ont été dispensés des trois publications des bans. On peut donc en conclure qu'il y avait urgence. En effet, le 1er juillet 1919 à Bègles, Pétronille donne naissance à
Robert Jean Eugène. Ce dernier se mariera le 28.2.1948 à Bordeaux avec Madeleine DEPOIX, dont il aura un fils, Jean-Jacques.


Robert décèdera le 2 mai 1985 à Bassens.

Quant à André, il divorce de Pétronille le 20 janvier 1926.

Edmond

Il naît à Bordeaux, le 2 septembre1891. Lui aussi travaillera dans les chemins de fer.

Il se marie une première fois, le 29 novembre 1911 à Bordeaux avec Marie-Thérèse MARCEILLE, née le 30 août 1893 à Bordeaux, dont il divorcera le 6 novembre 1925.

Le 20 mai 1926, il épousera Gabrielle Lucie PEUGEOT, née le 10 mai 1901 à Noguères, de Frédéric William et de Marie BOSDARROS, et qui décède le 3 avril 1950 à Bordeaux.

Troisième mariage enfin, le 26 juillet 1951 à Plufur, dans les Côtes d'Armor, avec Jeanne Marie DORNIOL, née le 20 janvier 1884, de François et de Catherine CORVEZ.

Edmond décède à Plufur, le 21 décembre 1972.

Mais il était déjà mort 58 ans plus tôt, et était ressuscité en 1950. Vous n'y croyez pas? Voyez plutôt.

Mes remerciements à Maïthé, qui a effectué des recherches aux archives de Bordeaux, qui m'a aimablement communiqué de nombreux documents.

Mais revenons à Jean-Pierre. Sur sa fiche de recrutement à l'armée il est décrit ainsi :

Cheveux et sourcils : châtain foncé
Yeux : gris Front : bombé
Nez : fort Bouche : grande
Menton : rond Visage : ovale
Taille : 1 m 65

Degré d'instruction : 3


Etudes

Je n'ai rien trouvé à ce jour sur l'école qu'il a fréquentée, mais lors de son incorporation, il est employé au Chemins de Fer du Midi, et à son mariage, il est employé de commerce.


 

Bertrand Pierre
Champion du Sud-Ouest, vitesse
(Vélodrome de la Côte d'Argent, 2 juin 1912)
Battant de 5 longueurs Fourgeau, vainqueur le
Dimanche précédent de Devif, de Lyon, Champion de France.
à son oncle

Bertrand Pierre

L'oncle en question est probablemant Jean Désiré BERTRAND, témoin à son mariage, né en 1859.

Il pratique assiduement le sport cycliste, et fait même de la compétition, comme en témoigne cette photo, prise en 1912.

Le journal "La Petite Gironde", dans son édition du 2 juin 1912, annonce cette manfestation. Le lendemain, il en publie le compte-rendu. On constatera que les 5 longueurs ne sont que 2 !


Articles communiqués obligeamment par Madame Andrée LARRERE, de la Bibliothèque municipale de Bordeaux, que je remercie très vivement.

 

Service militaire

Son état signalétique et des services est conservé aux Archives Départementales de la Gironde sous la cote 1 R 1215. On y trouve les renseignements suivants :

N° de recrutement à Bordeaux : 4097, 9583 au corps.
Inscrit sous le n° 389 de la liste, incorporé au 9e Régiment de Dragons (à Lunéville) à compter du 8 octobre 1906 ; arrivé au corps et cavalier de 2e classe le dit jour.
Rengagé pour trois ans le 11 Février 1908 à compter du 1er Octobre 1908.
Passé comme cavalier de 2e classe et pour convenances personnelles et par Dn de M le Colonel Ct par intérim la 2e Brigade de Dragons au 10e Régiment de Hussards.
Incorporé à compter du 26 avril 1910, arrivé au corps et Hussard de 2e classe le 11 mai 1910.
Passé dans la réserve de l'armée active le 1er octobre 1911.
Certificat de bonne conduite "accordé"

.

Sa vie familiale
Le jeudi 3 février 1910 naît son fils Jean Pierre Auguste. Jean a 24 ans. Le dimanche 13 mars 1910, son père Nicolas BERTRAND meurt, âgé de 54 ans.

Il épouse Marie Eugénie CLAUDON, brodeuse, fille d'Auguste CLAUDON, douanier, garde des Bosquets et de Catherine HOFFARTH, le samedi 26 avril 1913 à Bordeaux (33). Il est alors âgé de 27 ans. Elle a 28 ans.
Sont présents ses frères, Désir, employé au midi, André, employé de commerce et son oncle Jean BERTRAND, chaudronnier à Bègles.

Lors de ce mariage, il reconnaît son fils Jean Pierre Auguste BERTRAND.

Sa mère et ses frères habitent dans l’échoppe familiale du 29, rue Armand Caduc à Bordeaux. Il s’installe avec sa famille à quelques rues de là, au 37, rue de la Réole.

29 rue Armand-Caduc (en haut)


37 rue de La Réole (à droite)

 

La Guerre

En août 1914, le jeune homme est mobilisé comme tous ses camarades, et envoyé sur le front qui vient de s’ouvrir.
Il se trouve en Belgique, à Leval-Chaudeville, près de Beaumont, dans le Hainaut, où lui est adressée la photo de son fils (ci-contre). Son régiment participe à la Bataille de Charleroi. (Tiré du site :
http://perso.club-internet.fr/batmarn1/index.htm)

Rappelé à l'activité à compter du 4 Août 1914 au 10e Hussards.
Parti aux armées le 16 août 1914.
Brigadier le 16/9/14.

Rentré au dépôt le 8/12/15. Passé au 58e Régiment d'Artillerie le 24 juin 1916 (Loi nouvelle du 6 juin 1916).
Passé le 5 juillet 1916 au 4e Régiment d'Artillerie de Campagne...
Nommé Maréchal des Logis le 1er août 1917 (voir ci-dessous)
Passé au 263e d'Artillerie le 1/10/17.
Passé au 309e d'Artillerie Lourde le 1-6-18.
Passé au 317e d'Artillerie Lourde le 26-7-18

Cité à l'ordre de l'Artillerie Divisionnaire n° 23 du 29 mai 1917. (voir ci-dessous)

Extraits du JMO du 4e RA, 122e Batterie, Cote 26 N 910/23

Extrait du journal "La Petite Gironde " du 16/06/1917 (merci à Christiane MENOT, Pierre BOITON et Jacques GOMOT)
JMO du 4e Régiment d'Artillerie de Campagne

Colonne de soldats allemands entre Loivre et Brimont, dans le département de Marne, en France, en 1918

Source : Bundesarchiv Bild 102-00178, Frankreich,
Eroberte französische Stellung.jpg

Au tribunal correctionnel

 

Sur la fiche matriculaire, une partie du document est occultée par une bande de papier. Mais sur la fiche suivante aux Archives départementales de la Gironde, la bande a été ôtée, et apparaît ainsi l'information suivante : "Condamné à quatre mois de prison avec sursis par Jugement du Tribunal Correctionnel de Bordeaux le 30 mai 1918 pour vol et abus de confiance".

Toujours aux AD de la Gironde, on peut trouver copie de ce jugement. En voici un extrait :

Prévenu des délits de vol et abus de confiance depuis moins de trois ans, [il] a
1) détourné au préjudice de M Vielcazal, négociant en cuirs qui en était propriétaire une somme de soixante-quinze francs qui ne lui avait été remise qu'à titre de mandat, à charge pour lui de la lui rendre.
2) frauduleusement soustrait au préjudice du même sieur Vielcazal une somme de cent dix-neuf francs 10 centimes ainsi diverses et importantes quantités de cuirs d'une valeur de sept mille huit cents francs environ.
Pour réparation de quoi le condamne à quatre mois d'emprisonnement avec sursis et aux frais liquidés à neuf francs et 08 centimes.

Ce sieur Vielcazal, Firmin de son prénom, il le connaissait bien, puisqu'il avait été son témoin à son mariage, cinq ans plus tôt !

Mais cette histoire rocambolesque amène plusieurs questions :
Jean-Pierre est à la guerre depuis le 4 août 1914. Moins de trois ans, c'est à partir de 1915. Comment a-t-il employé ses permissions ?
De plus, sa femme et son fils résident à Lunéville depuis le début de la guerre, et Jean-Pierre a été pris en photo avec eux dans un atelier de cette ville. Il allait donc aussi à Bordeaux, voir sa mère, sans doute ?

Questions qui resteront sans réponse.

 



Jean-Pierre BERTRAND meurt de la grippe espagnole le lundi 16 septembre 1918 à l'hôpital Gama de Toul (54200), âgé de 32 ans.
Il sera inhumé au cimetière militaire de Choloy, tombe n°567, sur laquelle on peut lire :

BERTRAND Jean Pierre
317e Régiment d'Artillerie Lourde Maréchal des Logis,
Mort pour la France le 16-9-1918.

Un reportage en vidéo au cimetière militaire de Choloy

Dernière modification le 29 août 2021